METASONDAGE Yannick Jadot peut-il dépasser Jean-Luc Mélenchon dans les sondages ?

A trois mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, plusieurs interrogations émergent de la campagne électorale et des intentions de vote publiées par les sondages parmi lesquelles la question du leadership politique à gauche.

Où en était-on en janvier 2017 ?

Avant de regarder l’élection présidentielle 2022, jetons un oeil sur la situation de la gauche au mois de janvier 2017. Nous étions en pleine primaire socialiste et Yannick Jadot ne s’était pas encore retiré en faveur du candidat issu de cette primaire, Benoît Hamon.

Il est d’abord intéressant de constater la faiblesse du total de ces trois candidats de gauche dont le total est à 22% alors que le total Mélenchon-Hamon atteindra 26% le 23 avril 2017. On peut également mettre en perspective ces résultats aux sondages de début février 2017 (après la désignation du candidat socialiste) où le total gauche cumulait 28% (18% pour Hamon ! 9% pour Mélenchon et 1% Jadot). On peut enfin comparer ces sondages de mi janvier 2017 à ceux de mi-janvier 2022 où la gauche de gouvernement est mesurée à 24%, relativisant le discours médiatique actuelle sur une « droitisation » de l’élection de 2022.
Il faut également noter l’écart important entre le score dans les sondages de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon début février et le résultat du premier tour. C’est un enseignement aussi pour rappeler la volatilité des électorats de droite et de gauche à trois mois du scrutin alors qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont réduit le pouvoir des blocs droite et gauche historiques.

Que nous disent les sondages actuels sur le leadership à gauche ?

En réunissant et en cotant les sondages dans le Metasondage nous sommes en mesure de produire des probabilités de résultat. En l’espèce, les courbes présentant les probabilités pour Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon montrent une dynamique lente et continue du candidat écologiste.

Dans quelle mesure Yannick Jadot peut-il faire un meilleur score que Jean-Luc Mélenchon au premier tour ?

Avec une chance sur quatre de terminer devant Jean-Luc Mélenchon, le Metasondage situe bien la nécessaire conquête que le candidat écologiste doit effectuer dans l’opinion pour terminer en tête des candidats de gauche au premier tour. Cependant, un certain nombre d’éléments latents laissent à penser que la lente progression des intentions de vote de Yannick Jadot peut l’emmener à prendre le leadership parmi les candidats de gauche.

  • Un espace politique à conquérir sur le centre-gauche

La faiblesse du score d’Anne Hidalgo (voir par ailleurs) couplé à la nécessité pour Emmanuel Macron d’accentuer son engagement au centre-droit pour empêcher Valérie Pécresse (celle qui est, selon les sondages, la plus dangereuse pour lui au second tour) laisse un espace politique conséquent – correspondant à celui occupé par son parti Europe Ecologie les Verts lors des élections européennes de 2019 – au candidat écologiste pour progresser.

  • L’abstention sera vraisemblablement plus importante en 2022 qu’en 2017

Habituellement, les élections qui n’impliquent pas le président de la République sortant (comme en 1995, 2007, ou 2017) entraînent des participations électorales supérieures aux élections dans lequel la reconduction du président sortant est en jeu. Or, une partie de l’explication de la forte progression de Jean-Luc Mélenchon en 2017 dans les intentions de vote en février et mars est liée à l’augmentation, dans cette période, de l’intérêt pour l’élection des citoyens les plus éloignés des enjeux électoraux qui se mobilisent plus tard… quand ils se mobilisent. La sociologie de ces électeurs qui prennent la décision de participer ou non à l’élection plus tard – et qui ne sont donc pas pris en compte aujourd’hui dans les intentions de vote car ils ne sont pas sûrs d’aller voter – est très nettement favorable au candidat de la France Insoumise : plus jeune, moins aisé, moins diplômé. Avec une abstention potentiellement plus importante, Yannick Jadot doit pouvoir mieux mobiliser ses électeurs potentiels que Jean-Luc Mélenchon.

  • La dynamique électorale est favorable aux écologistes depuis 3 ans

C’est exactement se qui est advenu lors des trois dernières sessions électorales françaises (européenne 2019, municipales 2020, régionales et départementales 2021) où l’abstention a atteint des records (respectivement 49,88% ; 55,25% ; et 66,72%). A l’élection européenne de 2019, la liste EELV emmenée par Yannick Jadot a obtenu 13,48% des voix soit plus que le Parti Socialiste et la France Insoumise réunis qui n’ont pas dépassé 6,5% chacun. Aux élections municipales, le leadership des écologistes à gauche s’est également imposé avec les victoires symboliques à Strasbourg, Lyon, la Métropole de Lyon, Bordeaux, mais également Tours, Poitiers, ou Annecy. Enfin, la montée en puissance s’est poursuivie aux élections régionales de 2021 même si les accords différents entre PS et EELV d’une région à l’autre empêchent une lisibilité claire à l’échelle nationale. Il est tout de même intéressant de noter que dans chaque région détenue par la droite avant l’élection si la gauche est partie dispersée au premier tour, les écologistes ont toujours dominé leurs adversaires (AURA, Pays de la Loire, île-de-France, Alsace).
Par ailleurs, à chaque fois lors de ces trois différentes sessions électorales, l’électorat écologiste a semblé se figer très tardivement sur son candidat ce qui n’a pas permis aux instituts de sondage de prendre la pleine mesure de la progression d’EELV en tant que leader de la gauche lors de la campagne précédent le scrutin.

L’un finira par s’imposer et se détacher de l’autre

Si ce dernier point est porteur de potentiel électoral, il indique aussi une fragilité de la candidature écologiste. En effet, Yannick Jadot est actuellement dans les études d’opinion le candidat au dessus de 5% dont la sûreté de choix – qui interroge la capacité des sondés à changer d’avis – est la plus faible : autour de 50%, à comparer à plus de 70% pour Jean-Luc Mélenchon.
Par ailleurs, si la progression du candidat écologiste semble nette depuis deux semaines, sa capacité à prendre le leadership est atténuée par le fait que Jean-Luc Mélenchon lui-même semble légèrement progresser sur la même période.

En tout état de cause, nous faisons le pari que l’un finira par s’imposer nettement à l’autre. En effet, il est assez rare de trouver des candidats entre 7 et 13% aux élections présidentielles. Les citoyens se positionnent aussi en fonction des intentions de vote et lorsqu’une dynamique voit un candidat en concurrence directe avec un autre prendre de l’avance les potentiels électeurs indécis entre les deux candidats vont massivement vers celui qui semble avoir le plus de chance d’atteindre le second tour.
Et, avec un accès possible au second tour entre 18 et 20%, le morcellement des candidatures des droites, et l’expérience de la remontée de Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote en 2017, l’accès d’un candidat de gauche au second tour n’est peut-être pas la chimère que le discours médiatique conte depuis plusieurs semaines.

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